Donnée… trahie… à retrouver…

Message de Mgr Luc MEYER - aux diocésains de Rodez et Vabres

24 octobre 2022

Dans le prolongement des récentes révélations relatives à l'évêque émérite de Créteil, et avant que s'ouvre l'assemblée plénière des évêque de France à Lourdes du 3 au 8 novembre prochain, Mgr Luc Meyer, évêque de Rodez et Vabres s'exprime auprès des catholiques d'Aveyron.

Chers amis diocésains,

Je ne serais pas devenu votre évêque, si je n’étais pas d’abord comme chacun de vous un chrétien… C’est dans l’Église que j’ai été enfanté à la vie chrétienne et ma reconnaissance est immense pour la grâce et le salut de Dieu qui ont transformé ma vie et continuent chaque jour de la transformer.

La foi en notre Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.

Du pèlerinage diocésain à Lourdes au rassemblement des jeunes à Saint-Affrique, de la visite canonique des Clarisses de Millau à la rencontre des prêtres et du diacre du doyenné de Bassin Vallon, de la première journée du parcours Théophile à la rencontre de la fraternité des diacres, de la rencontre du CCFD, du CMR et du Secours catholique à l’assemblée générale de l’ACO, notre diocèse se révèle à moi progressivement, profondément habité par la foi et le désir multiforme d’habiter notre monde en faisant connaître et aimer notre Dieu, Père, Fils et Esprit Saint.

Donnée…

Cette foi, c’est une confiance reçue et donnée. C’est notre humble réponse à la Révélation première de l’amour de Dieu dans nos vies. Et cette Révélation, elle passe par nous, chrétiens et chrétiennes, dans ce corps qui est l’Église, avec ses membres, divers et tous indispensables. Je remercie chacun d’entre vous pour cette passion d’espérance qui vous habite et vous fait lever chaque matin, en guettant la lumière chaleureuse de l’amour de Dieu.

Trahie…

Cette foi reçue et donnée, je la sens pourtant, comme vous, profondément trahie… Et un grand combat me traverse entre la grâce qui rend joyeux et le péché qui rend triste, entre le bien qui nous transfigure et le mal qui nous défigure.

Au fil des mois et des années, nous découvrons le mal à l’œuvre dans ce qui nous est le plus cher et le plus sacré : notre mère l’Église, qui nous a enfantés à la vie chrétienne. Abus spirituels ou abus de pouvoir, abus sexuels… et jusqu’à l’instrumentalisation et la défiguration ce qui nous est si précieux pour vivre notre pèlerinage chrétien sur la terre : le sacrement de la réconciliation.

La révélation de ces conduites inadmissibles a mis au grand jour le scandale jusque-là silencieux d’actes posés, dont les conséquences sont désastreuses par-delà le temps pour ceux qui les ont subis. Nous vivions avec cela, sans le savoir… Le scandale, ce n’est pas la révélation de ces actes, mais le fait même que ces actes aient été posés. Notre foi et notre confiance sont ainsi profondément blessées et souffrantes. A travers nous, c’est le Christ lui-même qui est une nouvelle fois blessé et souffrant… Nous avons donné notre confiance et nous nous découvrons naïfs, abusés ou désabusés, peut-être même découragés ou amers.

Avec vous, chers amis, je vis cela, je souffre de cela, et depuis plusieurs années.

À retrouver…

Ce passage par la mort — la mort de nos illusions, il nous faut sans aucun doute y consentir pour pouvoir renaître et retrouver enfin notre mère l’Église, trahie elle aussi dans ce qu’elle a de plus cher. J’ai confiance dans la vitalité et le courage de notre diocèse, dans le sens de la justice et de la vérité qui habite chacun de nous.

Dans quelques jours, je serai à Lourdes, pour ma première participation à l’assemblée des évêques de France. J’y vais en « emportant » avec moi votre foi, votre ferveur, votre désir de justice et de vérité, votre âme apostolique que je découvre avec admiration depuis le mois de juillet. Ces jours d’assemblée, je les confie à votre prière et à votre soutien.

  • Ne nous laissons pas voler l’Évangile !
  • Ne nous laissons pas voler l’espérance !
  • Ne nous laissons pas voler la joie de l’évangélisation ! [1]

 

Priez pour moi, comme je prie pour chacun de vous.

 

[1] PAPE FRANCOIS, La joie de l’Évangile, n°97, 86 et 83