1984 - 2024

André Jarlan : 40 ans après

Fresque de rue, quarier de La Victoria, Santiago-de-Chile

Le 7 décembre 2024, l'Action catholique de l'Aveyron, la famille et les amis d'André Jarlan ont organisé une journée mémorielle à l'occasion du 40ème anniversaire de son assassinat.

 

Je suis Georges, frère d'André, né en 1937, son aîné de 4 ans.
Je suis henriette, sa soeur, née en 1944.

Tous les 3 nous sommes nés à Rignac d'un père artisan charron puis carrossier et d'une mère épicière les vingt-cinq dernières années de sa vie. Nous tenons à remercier les membres fondateurs des Amis d'André Jarlan qui ont permis qu'André reste "toujours vivant", en particulier Robert hughes, les organisateurs de ce jour, l'Action catholique ouvrière, le père évêque, le diocèse et vous tous participants.

Merci à Joseph Sivin d'avoir voulu "suivre" André jusqu'au Chili.

Malgré le temps écoulé le souvenir est toujours là. Souvenir de son enfance marquée par la maladie à l'âge de 10 ans, enfant de chœur très appliqués à l'église de Rignac, élève à l'école primaire Saint-Joseph tenue par les Frères des écoles chrétiennes. Il a manifesté son désir de rentrer au petit séminaire Saint-Pierre à Rodez. Il s'est engagé comme un scout. Par la suite il a intégré le grand séminaire de Rodez. Il a voulu que son service militaire soit utile il est parti en coopération à la martinique.

À son retour, il a continué sa préparation à la prêtrise et a obtenu une licence en théologie à l'Institut catholique de Toulouse.

Ordonné prêtre le 30 juin 1968 en l'église de Rignac par Mgr Ménard. Vicaire au Gua puis prêtre en classe ouvrière, aumônier de l'Action catholique ouvrière, de la Jeunesse ouvrière catholique, et de la Jeunesse ouvrière catholique féminine jusqu'en 1982.

André a participé activement aux travaux de la construction de la maison des œuvres, actuelle maison Roger Bourrat, rue des frères de Turenne à Rodez. Sa décision était prise de rejoindre l'Amérique latine mais notre mère étant gravement malade, il a retardé son départ. Quelques années après le décès de notre maman, avec l'accord de son évêque Mgr Bourrat, il part en formation à Louvain en Belgique. À son retour en septembre 1982, il a écrit son réel engagement au ministère sacerdotal..

Il s'adresse à Dieu notre père ainsi :

Merci à mes parents qui ont voulu ma naissance. Leur amour et le travail des medecins et infirmières m'ont arraché à la mort à l'âge de 10 ans. D'une certaine maniàre, j'ai le sentiment que depuis ce moment-la je suis entrain de faire du rabio de vie. Ne serait-ce pas toi qui as voulu que j'en sorte ?

Février 1983, départ pour Santiago comme un prêtre Fidei Donum dans le quartier de La Victoria, avec le père Pierre Dubois du diocèse de Dijon. Il s'est rapidement intégré et a été apprécié par les jeunes. Dans son dernier courrier du 20 août 1984, il redoutait la protesta national unitaire annoncé pour les 4 et 5 septembre avec le 11ème anniversaire du régime.

Ce mardi matin, 4 septembre, un jeune du quartier, Hernan Barrales, est tué, atteint d'une balle au poumon. Pierre et André envoient une déclaration en France Presse.

À la maison paroissiale, André continue à se plier en quatre pour que les gens ne manquent pas de rien. Il monte dans sa chambre. Pierre sort.

Vers 18h45, des coups de feu. Pierre rente précipitamment. Rien d'anormal à la maison. André, où est-il ?

André cet affaissé, la nuque est traversée par une balle de 9 mm, sur sa bible, ouverte au livre des psaumes 128-129. Dans la marge il a écrit la phrase de jésus en croix : "Père, pardonne leur car ils ne savent pas ce qu'ils font".

Quel choc !

Lors de nos trois visites au Chili -1987, 2004 et 2014 - nous avons été accueillis très chaleureusement par les habitants du quartier. Chaque quatre septembre est célébré au quartier de La Victoria. Cette année même devise que celle choisi il y a quarante ans : "Le sang d'André nous unit".

Henriette Jarlan-Galtier et Georges Jarlan