Amoris Laetitia

La joie de l'Amour

Le 11 mars, à l'initiative de la Pastorale des Familles de l'Aveyron, une journée de réflexion a été proposée à la maison diocésaine Saint-Pierre à Rodez.

Regarder l'interview des trois intervenants :

Familles, je vous aime !

Pape François

Les 250 pages et les neuf chapitres de l’exhortation apostolique du pape François ne sont-ils que le mot de la fin de cette aventure synodale hors du commun ? Soucieux de montrer aux familles du monde entier que l’Église sait (encore) leur parler, le pape passe maintenant le témoin aux Églises et aux communautés. À elles, dès à présent, de s’emparer de ce texte qui laisse à chaque pasteur, chaque croyant, le soin d’analyser les situations au plus près de la réalité dans laquelle il vit.

Plus exigeante qu’une solution clés en main, cette voie ouverte par le pape demande maintenant à être mise en œuvre. La Croix a demandé à des évêques de tous les continents – dont certains ont directement pris part aux travaux du Synode – de réagir aux propos du pape et d’esquisser un regard sur l’avenir dans leur propre diocèse (Lire La Croix du 11/04/2016)

Parce qu’il met en garde contre une Église orgueilleusement campée sur ses règles et sa doctrine, « La joie de l’amour » entend infuser sur le long terme une autre manière de vivre l’Église et de l’ouvrir à tous ceux qui frappent à sa porte. Dans ce sens, loin de clore le processus synodal le plus ambitieux jamais mis en œuvre depuis Vatican II – questionnaires adressés à toutes les conférences épiscopales et débattus jusque dans toutes les paroisses, suivis d’un Synode étalé sur deux sessions à Rome –, il donne aux catholiques l’opportunité de le poursuivre sous toutes les latitudes.

 

Samuel Lieven, in La Croix du 11 avril 2016

pape françois exhortation apostolique amoris laetitia

Photo M. Migliorato/CPP/Ciric

Amoris Lætitia, fruit de la synodalité

Depuis l’automne 2013 l’Église catholique toute entière s’est mise en « tenue de synode ». L’Église a en effet parcouru un chemin de discernement à propos de la famille, question majeure pour les hommes et les femmes de ce temps, pour les sociétés, pour l’Église : le bien de la famille est déterminant pour l’avenir. Ce long temps d’écoute et de dialogue, souhaité et encouragé par le pape François a été ponctué de multiples étapes : consultations des fidèles; approfondissement théologique des questions débattues ; assemblées de 2014 et 2015 réunissant des évêques du monde entier accompagnés de quelques auditeurs laïcs ou religieux. C’est la première fois qu’un Synode se déploie en deux sessions. Une des clefs de lecture de cette inscription dans le temps long se trouve dans l’exhortation Evangelii Gaudium avec le principe d’action, le temps est supérieur à l’espace (EG n° 222-225).

Tenter de tout contrôler tout dominer conduit à des impasses, il vaut mieux donner la priorité au temps et initier des processus. En déployant le Synode dans le temps long, la recherche commune de la vérité a pu s’affiner. Le dialogue a pris plusieurs visages au fil du temps : dialogue dans les paroisses ou communautés croyantes, bien souvent une première ; dialogue entre théologiens, les points de vue parfois divergents ont pu s’exprimer dans des articles, des colloques ; dialogue entre évêques au cours des deux assemblées. Les 39 heures de travail en petit groupe de même langue ont ainsi permis à l’assemblée 2015 d’échapper à une simple juxtaposition de points de vue, le discernement pastoral a pu murir. A l’issue de ces assemblées, « événement de grâce » selon les mots du Saint Père, les évêques lui avaient remis leurs propositions. Rendues publiques pour que « tous partagent le travail qui nous a engagé ensemble pendant deux ans » précisait-il, ces propositions occupent une place singulière dans l’exhortation apostolique, à côté d’autres considérations. Cette manière de faire est la marque d’une Église synodale.

La publication de Amoris Lætitia, « la joie de l’amour » est donc un événement de grâce. Cette exhortation apostolique post-synodale sur l’amour dans la famille survient au cœur de l’année jubilaire de la miséricorde. Elle est un encouragement pour tous : pour les familles chrétiennes afin qu’elles gardent un amour nourri de générosité, engagement, fidélité et patience ; et pour que chacun soit signe de miséricorde et proximité, là où la vie familiale ne se réalise pas dans la paix et la joie (cf. AL n° 5).

Oranne de Mautort, conseil national famille et société